Anecdotes d’enfance, carrières professionnelles, événements marquants… Chacun d’entre nous représente un fragment d’histoire pour sa famille et la société. Afin de ne pas perdre cette précieuse mémoire, n’hésitez pas à enregistrer la parole de vos proches. Voici quelques pistes pour mener facilement un entretien.
La discussion à bâtons rompus, au fil des souvenirs, permet rarement de recueillir de façon satisfaisante des souvenirs. Ils risquent surtout d’être décousus. Un entretien réussi doit donc se préparer en amont.
Construire le questionnaire
Le témoin convoquera plus facilement ses souvenirs s’il est accompagné et guidé. Ce cadre va se traduire généralement par une série de questions.
Commencez donc par construire un questionnaire. Cette trame vous permettra de lister les thématiques qui vous intéressent : l’enfance, la scolarité, les loisirs, la carrière professionnelle, etc.
Elle vous servira également de guide et de pense-bête lors de l’entretien.
Privilégiez les questions factuelles sur ce que la personne a vu directement et fait personnellement. Exemple : comment avez-vous rencontré votre conjoint ?
Les questions d’opinion et de perception concernant des événements passées sont à prendre avec de grandes précautions car elles sont sujettes à de fortes reconstructions mentales liées au vécu ou à des influences extérieures.
Exemple : quelle était l’opinion de vos parents sur les événements de mai 68 ? Le témoin peut ne pas s’en souvenir, être gêné de ladite opinion, ou encore l’opinion de ses parents a pu évoluer au fil du temps, etc.
Le matériel d’enregistrement
L’idéal est un dictaphone et un micro-cravate. Cependant, pas de panique si vous n’en disposez pas ! La fonction dictaphone de votre téléphone portable peut également convenir. Pour les téléphones les plus récents, la qualité est tout à fait correcte.
Pensez à vous exercer avant l’entretien pour maîtriser les différentes fonctionnalités du dictaphone : mise en marche, pause, arrêt et surtout sauvegarde !
Le lieu de l’entretien
L’entretien est mené de préférence au domicile du témoin. Il se livrera plus facilement dans son environnement familier. En outre, il pourra accéder à ses documents (correspondance, photographies, etc.) s’il souhaite vous les montrer.
Veillez à vous isoler dans une pièce calme afin de favoriser la concentration et d’éviter les sons parasites (bruits de télévision, de casseroles, sonneries de téléphone, etc.). Si vous enregistrez avec votre téléphone, soyez proches de l’appareil : autour d’une table, par exemple.
Conduire l’entretien
Au début de l’entretien, commencez par une introduction dans laquelle vous rappelez la date, votre nom et celui de la personne interrogée, le lieu.
La réussite d’un entretien tient non seulement à la préparation amont mais surtout à une atmosphère propice à l’échange.
Le témoin peut se sentir illégitime à livrer son histoire: « moi, vous savez, je n’ai rien de bien intéressant à vous dire ». Il faut le rassurer. Répondez qu’au contraire, ce qu’il a vécu n’est écrit nulle part.
Une écoute respectueuse va favoriser le dialogue :
- Évitez d’interrompre le témoin, pour ne pas lui faire perdre le fil de sa pensée.
- Ne le contredisez pas : même si son discours contient une erreur, celle-ci a un sens. Si vous avez un doute ou n’avez pas compris, reformulez ce que vient de dire l’interviewé pour lui faire confirmer ou modifier son témoignage.
- Parlez peu et évitez d’orienter les réponses en formulant les questions.
- Manifestez de l’empathie et de l’intérêt au témoin par une attitude aimable.
- Restez le plus naturel possible, attentif, ouvert, concentré.
- Ne posez qu’une question à la fois.
- Approfondissez avec le témoin les points abordés : il faut que l’on comprenne bien de qui l’on parle, où cela se passe, les causes et les conséquences. Attention, si vous êtes proche du témoin, il aura tendance à être moins explicite car il considérera que vous connaissez les personnes ou les faits dont il parle. Pour contourner cette difficulté, vous pouvez demander au témoin des précisions. L’objectif est que l’entretien soit compréhensible pour tous ceux qui l’écouteront.
- Si le témoin s’arrête pour réfléchir, laissez passer quelques secondes. Si vous sentez qu’une relance est nécessaire, repartez de sa dernière phrase et invitez-le à continuer : « comment ça s’est passé? », « que s’est-il passé ensuite? ».
Dernier conseil, surveillez votre montre. L’entretien ne doit pas dépasser 1h30 à deux heures. Au-delà, la fatigue va se faire ressentir et nuire à la qualité de l’entretien. Il est préférable de prévoir plusieurs séances.
Nous espérons que ces quelques conseils vous seront utiles.
Et vous, avez-vous déjà mené des entretiens auprès de vos proches ?